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Y'a des jours comme ça, on
a envie de s'arrêter en travers d'une 4-voies avec les feux de détresse
Pourquoi
le suicide est-il réprimé ? (C'est vrai, ça, pourquoi ?)
Dans
la cellule familiale, on réprime le suicide pour garder un spectre de
cohésion.
Pour cette illusion, on érige des monuments de fange. Palliatif. Les
parents,
bien souvent, placent tous leurs espoirs dans leur progéniture. Réussir
ce
qu'eux n'ont pas été fichus de réussir, une mission. Les
aspirations de
ladite progéniture importe finalement peu.
Tendre
à la massification, faire de la solitude un vice, un phénomène anormal.
On
refuse de se trouver en tête-à-tête avec soi-même par refus de regarder
son
propre gouffre de connerie, ce gouffre que l'on creuse incessamment,
feignant
la cécité. Je ne vois pas que je suis méprisable, je cultive mon ego et
je
valorise ma nullité. Ainsi, les amis cherchent bien souvent des signes,
des
raisons de. Surtout, ne pas considérer la possibilité d'un choix
envisageable,
cohérent dans l'absolu. Ils cultivent la rancoeur parce qu'on les
laisse seuls,
médiocres et encore aveugles. Pourtant, le soupçon et le doute
ont germés.
Inconsciemment, c'est sans doute le plus dur à encaisser.
Mais
surtout, on refuse de considérer le malaise propre à la société que
reflète un
acte isolé. On cherche des raisons, invente des fables, maquille une
histoire
commune pour lui donner un goût de sensationnel, invoquant des motifs
sordides
et fantaisistes. Refus d'avoir des points communs avec le suicidé. En
faire un
anormal. Marginaliser son mode de pensée. Les gens qui peuvent vivre
avec un
non-sens pareil ancré dans le crâne sans le savoir, ce sont eux les
marginaux.
Et
puis merde. Chercher un responsable, c'est de la connerie. Peu importe.
On
blâme une société parce qu'impersonnelle, elle touche tout le monde
sans que
personne ne se sente visé. Inconscience collective. Les larves
fanatiques cherchent un bouc émissaire pour baver tranquilles.
Et
l'hypothèse que le suicidé donne à sa mort une dimension qui dépasse
celle de
sa modeste existence a quelque chose d'extrêmement frustrant pour les
survivants.
Nous
ne crachons pas sur les tombes, ce sont elles qui nous crachent dessus.
Si un
caveau pouvait sourire, les fossoyeurs se feraient dentistes.
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